L'automne est une saison de choix pour plonger dans le décor sauvage des forêts et des crêtes du Val de Toran, une mystérieuse vallée espagnole, frontalière avec le Biros et le Haut-Comminges. Sa partie supérieure est une muraille minérale hérissée de pics, parmi lesquels on peut mentionner le Crabère, le Maubermé ou le Montlude. La Sierra de la Pica Palomera et la Sierra Sascorjada forment la frontière naturelle entre le Val de Toran et le Val de Varrados. Du haut de leurs sommets, on découvre les lacs et les massifs les moins connus et les moins explorés de cette partie des Pyrénées. L'estanh Nere de Güerri fait partie de ces merveilles lacustres dont même les pêcheurs des truites ignorent souvent l'existence. Ici, sur les hauteurs des sierras, les sentiers sont rares et le balisage - absent. Seuls quelques passionnés connaissent les passages secrets entre les mines de Liat et la Crête de Uishera-Sacauba, peu enclins à divulguer les détails de cet itineraire extraordinaire à quiconque.
La Pica Palomera est le point le plus élevé de la ligne des crêtes située entre les massifs de l'Armeros et du Montlude. Ce belvedaire exceptionnel justifie à lui seul les longues heures de marche et le dénivelé cumulé. Au sommet, vous ne croiserez personne, personne avec qui partager l'infinie beauté des paysages réservés à l'élite des aventuriers... dont vous ferez partie.
Fiche technique :
Point de départ : Refuge de Honeria, situé au terminus de la route du Val de Toran (1050 m).
Accès : Toulouse -Saint-Béat - frontière espagnole (Val d'Aran) - À Pontaut, prendre direction Canejan - Suivre la route jusqu'à son terminus, en direction du refuge.
Dénivelé : 1450 m de dénivelé positif, compte tenu des oscillations du terrain et du cumul des montées.
Durée : 6h35 pour le circuit complet, (6h50 en passant par les Lacs de Liat au retour).
Difficulté : aucune difficulté particulière, mis à part la longueur du trajet, le dénivelé conséquent et l'absence de sentier sur certaines portions de l'itinéraire. À réserver aux bons marcheurs sachant d'orienter sur un terrain de montagne.
Description du circuit:
Près du refuge, au bord de la route, on aperçoit deux fléchages portant des inscriptions laconiques : Liat par Grauers et Liat par Bedreda. Leur signification est simple. Ce sont les deux itinéraires menant aux lacs et aux anciennes mines de Liat. L'un d'entre eux passe par la vallée de Grauers-Toran, on l'empruntera au retour. À l'aller, on privilégiera le chemin plus court et plus direct (plus raide aussi), passant au-dessus du torrent de Bedreda.
Le sentier passe à côté de deux granges aménagées, s'engouffre dans la forêt, traverse deux fois la piste, se poursuit tout en montée. Lorsqu'il sort des bois (1h10), le sentier continue à s'élever sur le terrain découvert, sur des pentes herbeuses qui ne cessent de forcir.
La progression semble interminable. Les lacets se succèdent dans un décor monotone. Un brouillard épais engloutit les contours d'un paysage montagnard sévère et grisâtre. Le sac à dos, chargé à bloc semble peser une tonne.
Arrivant à un col (2h45, 2080m), on continue la montée à flanc de montagne au-dessus du petit Estanhon de Bedreda. On s'élève ensuite très rapidement jusqu'au Col de Güerri (2280 m, 3h), situé au-dessus du joli Lac deth Potz.
Du col, ne pas poursuivre par le chemin des mines, mais monter à droite (SE), pleine crête, contourner le sommet de la colline par la droite (Sud), hors sentier, et viser ensuite, au Sud-Est, l'entaille, bien visible conduisant (hors sentier toujours), par une pente raide, glissante et incommode, mais d'un accès étonnamment rapide, vers le collet séparant la pyramide sommitale de la Pica Palomera du reste de la petite chaîne. Le sommet est bien individualisé et facile à repérer de là où nous sommes grâce à sa forme et à sa hauteur légèrement plus élevée que celles des éminences voisines.
Au col (2405m, 3h27), après avoir profité de la belle vue sur le merveilleux Estanh Nère de Güerri, on grimpe, sans la moindre difficulté, pleine crête, pour atteindre très vite le sommet (2460m, 3h35).
Tous les grands sommets, gardiens immuables de la frontière entre le Val d'Aran et le Biros, sont là : le Crabère, face sud discrète, presque "profil bas", la Serre Haute, portant bien som nom, et le Maubermé, avec sa fière silhouette seigneuriale. Du côté opposé, le regard embrasse un horizon parsemé de sommets. Au premier plan, au-dessus de la piste de Varrados, les grandes montagnes injustement oubliées du Val d'Aran Central semblent veiller à la quiétude de leur havre de paix dédié au pastoralisme.
La marche se poursuit sur le fil de la crête. On foule d'abord un second sommet, sensiblement de la même altitude que le premier, surmonté d'un petit cairn. Rapidement, deux ou trois éminences sommitales plus tard, on aperçoit la cité fantomatique des anciennes mines, en ruines, et la couleur bleue turquoise de l'Estanh de la Pica Palomera.
En descendant en direction du lac, et avant de l'atteindre, on croise un large chemin (4h). Celui-ci part depuis le lac en direction des anciennes mines, passe un petit col et rejoint le GR reliant le Col de Güerri et la vallée d'Unhola, via les bâtiments des mines situés à l'Est.
Option du retour par le chemin minier de Grauers
Ici, nous devrons nous diriger à l'opposé, vers l'Ouest, pour rejoindre les environs du Col de Güerri.
En quelques minutes nous arrivons à un croisement des chemins, situé une cinquantaine de mètres plus bas que le Col de Güerri. Un panneau indicateur nous informe que le sentier de droite mène au Refuge d'Honeria par la Vallée de Grauers-Toran. Ce bon sentier, multipliant de larges lacets, se rapproche inexorablement du fond de la vallée. Après avoir atteint un pylône, il traverse un sous-bois. À la sortie des bois, nous traversons le ruisseau. La pente s'assagit. Après un court passage à découvert, une nouvelle traversée des bois nous amène au pied d'un barrage. Ensuite, c'est par une piste que nous terminons notre retour au parking (6h35).
Option du retour par les Lacs de Liat
Pour cette variante, partons plutôt, depuis les abords du lac de la Pica Palomera, vers l'Est, en direction des bâtiments des mines. Dans l'un de ces hameaux miniers en ruines, situé un peu plus bas, en descendant (à vue) vers l'Étang Long de Liat, un refuge non gardé à été (sommairement) aménagé. Son niveau de confort laisse à désirer. Qui plus est, à une époque pas si lointaine où j'y avais dormi, il était squatté par un rat. La taille impressionnante de l'animal rendait ce voisinage très peu rassurant, surtout la nuit venue, d'autant plus que ce dernier avait tendance à subtiliser les vivres et à me ronger la peau de la plante des pieds dès que je me laissais vaincre par le sommeil.
Après avoir contourné l'Étang Long de Liat, on arrive aux Étangs Nere deth Cap deth Marc. On les contourne par le Nord (par la droite) pour franchir un col situé plein Ouest et initier la descente par le lit, souvent à sec, du petit ruisseau de la Coma d'Arbe. Lorsque les pentes s'assagissent, se diriger schuss O-SO, pour rattraper le sentier au moment où celui-ci franchit le ruisseau de Toran.
Ici, un bon sens d'orientation est nécessaire. Au final, après quelques menues hésitations (surtout par temps de brouillard), on "atterrit" sur l'excellent sentier de descente, se transformant ensuite en une piste, qui nous ramène sans encombres au parking du départ (6h30-6h50 depuis le début de notre petit périple).
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