Circuit Transfrontalier France Andorre, 2 jours.

22.11.2022

À la mi-septembre, les lumières et les couleurs dorées de l'automne règnent déjà dans toute leur majesté à compter d'une certaine altitude. Passés les 2000 mètres, si le soleil et le ciel bleu sont au rendez-vous, les images de cet El Dorado altiplanesque et lacustre subjuguent le regard. Les marcheurs du dimanche se font plus rares. Nous sommes déjà loin des foules des randonneurs du mois d'août. Profitant de longs moments de marche solitaire, ponctués de quelques brèves paroles échangées lors d'une ou deux rencontres fortuites avec d'autres amoureux de la montagne, ne prenons-nous pas le temps de savourer le plaisir visuel et la dimension spirituelle d'une escapade qui paraît toute une Odyssée aux pieds peu aguerris des citadins que nous sommes ?

Telles des étapes marquant la mesure de la distance parcourue, des lacs, les uns plus beaux que les autres, ponctuent l'itinéraire. Et même l'ascension la plus éreintante ne décourage pas nos corps, pourtant fatigués par de longues heures de marche et le poids du sac. Et ce - grâce au meilleur analgésique et antidépresseur au monde : l'espoir. L'espoir d'une vue spectaculaire depuis un sommet perché au-dessus de l'abîme, l'espoir d'un refuge en guise d'oasis accueillant, au terme de la traversée journalière, l'espoir, enfin, d'une récidive itinérante dès le lendemain matin... Avant de terminer, ce qui n'aura duré au total qu'une trentaine d'heures mais qui nous paraîtra toute une aventure, dans le confort de la civilisation, auquel nous tentions pourtant d'échapper par notre fuite précipitée, pénible et laborieuse vers les hauteurs...

Fiche technique :

Situation : Haute-Ariège et Andorre. Dé part et retour : l'Hospitalet. Durée de la marche : 6h40 le 1er jour, 6 h le second, sans compter les pauses et les arrêts.

Dénivelé positif cumulé : 1450 m le 1er jour, 650 m le 2nd jour.

Difficulté : aucune le 1er jour . L'itinéraire est bien balisé et ne comporte aucune difficulté technique. Le second jour, un bon sens de l'observation, et la lecture attentive de la carte, ainsi que des indications contenues dans le présent article, permettront de repérer les segments à emprunter, même en l'absence de balisage sur une partie de l'itinéraire.

Description :

Le village de l'Hospitalet-près-l'Andorre (1429 m) est aussi facile à atteindre en train qu'en véhicule. Depuis la gare, il suffit de rejoindre et de traverser le centre du village, direction Sud, de traverser le pont, en passant ensuite par le parking Sainte-Suzanne, pour atterrir au final au bord de la Route Nationale, à un endroit où on peut facilement repérer, du côté opposé de la route, la naissance du sentier où débute notre aventure.

Le sentier rentre dans les sous-bois et progresse pendant un bon moment dans l'ombre de la forêt.

Environ 40 minutes après le départ (1752 m), après être sortis des bois, on arrive en vue d'une séparation des chemins. Le chemin de gauche mène à l'étang de Sisca. Nous lui préférerons celui de droite. Les pentes se raidissent légèrement. On contourne l'étang du Taureau par la droite (1h25). Le chemin, bien tracé, nous conduit, au milieu des méandres du ruisseau de Val d'Arques, après quelques menus efforts, au bord de l'Étang de Pedourres (2h, 2165 m).

En poursuivant plein Ouest, on passe un semblant de collet pour se retrouver sur l'itinéraire de l'Étang de Couart. Après quelques caprices du relief et un bref passage dans les cailloux, on peut enfin admirer l'extraordinaire beauté de ce lac (2h45, 2230m), avant d'envisager son pénible et interminable contournement par un passage malaisé et chaotique situé au-dessus de son bord droit. Il faudra ensuite braver une pente forte, dépasser plusieurs petits lacs, avant d'arriver au bord du grand Étang d'Albe, 2355m. Le Col de l'Albe (4h30, 2539m), situé au-dessus du lac, marque la frontière entre la France et l'Andorre.

Un aller-retour au Pic de Noé (45 min du col), permet de culminer en beauté la série kaléidoscopique des paysages magnifiques. La vague sente d'une raideur parfois extrême, servant d'itinéraire d'ascension, mérite d'être suivie avec d'infinies précautions, afin de ne jamais en perdre la trace. Mais la vue depuis le sommet (5h15, 2746m) en vaut la peine.

Pour compléter la vue, il est éventuellement envisageable de pousser jusqu'à la pyramide du Pic d'Escobès.

Tout aussi précautionneusement qu'à la montée, on redescend ensuite au Col de l'Albe (5h50) pour rejoindre le refuge gardé de Juclar, côté andorran (6h40, 2307m), en empruntant un bon chemin jonglant avec les quelques caprices du relief sur la portion située entre les deux grands lacs homonymes.

Le lendemain, en quittant l'accueil (correct, mais loin d'être génial) du refuge, on descend d'abord par le GR en direction du fond de la vallée d'Inclès, avant de repérer, à gauche, après un petit quart d'heure de la descente, un embranchement qui constitue la suite de notre itinéraire. Cinq minutes plus tard, un discret panneau "Siscaró" confirme la bonne direction. Le sentier se hisse sur les pentes caillouteuses, suit le flanc de la montagne, puis entame la descente vers le ruisseau de Siscaró, non loin de la cabane du même nom (1h). En franchissant un pont, on poursuit notre route en contournant le flanc, puis en montant plein Sud, jusqu'aux lacs de Siscaró, dont le premier est souvent à sec.

En contournant le second lac par la gauche (1h30), on peut envisager un petit détour sympathique pour rendre une brève visite au joli et sauvage Estany dels Canals Roges (2400 m, 40 min pour l'aller-retour).

De retour aux lacs de Siscaro, 2h10, on vise la direction du Port de les Vaques (Sud). On atteint ce large col, sans difficultés, en moins de 35 minutes (2h45, 2550 m).

De là, un bon sentier horizontal part vers l'Est, atteint rapidement le Port Dret (2568 m), situé à un carrefour des chemins, et s'arrête au-dessus du fossé plongeant vers la Vallée sauvage de Sant Josep. La suite de l'itinéraire est presque entièrement hors sentier. On dévale les pentes pour se diriger toujours plus vers le fond de la vallée, en jouant avec les opportunités suggérées par le relief de ce recoin bucolique et pastoral.

Après avoir rejoint un bout de piste, on se rapproche du refuge pastoral de la Portella, puis on poursuit la descente par les flancs, en tentant de se rapprocher le plus proche possible du cours du ruisseau.

On suit le cours du ruisseau de San Josep jusqu'à aboutir sur le bon chemin transfrontalier évoluant nettement au-dessus de la rivière Ariège.

Après un interminable parcours à travers les pâturages, le chemin rejoint finalement la RN 20, puis, 25 minutes plus tard, la gare SNCF de l'Hospitalet (5h55).

Descente en suivant le ruisseau de Sant Josep