GARMO BLANCO ET PICOS DEL INFIERNO (3075m, 3081m et 3076 m)

Les Pyrénées Aragonaises recèlent un nombre infini de beaux sommets et de paysages de carte postale. Une vie entière ne suffirait sans doute pas à en explorer l'ensemble. Tout y est si féerique et majestueux que des foules, chaque année plus denses, de touristes, envahissent les labyrinthes des sentiers parcourant ce paradis de haute-montagne.  Un vaste réseau des refuges, bien placés et confortables, mais hélas trop chers et surpeuplés, facilite notablement les ascensions et les traversées... au détriment de la solitude et de la paix qui commencent à manquer à ce paradis jadis sauvage mais encore sublime.

Les Pics de l'Enfer font partie de ces "3000" incontournables que les collectionneurs des hautes cimes ne peuvent que savourer sans modération. Pour s'offrir le plaisir de cette superbe brochette de sommets, on peut transiter soit par la vallée de la Bachimaña, en démarrant de Panticosa, soit par le côté opposé du massif. J'avais choisi cette dernière option, en partant du barrage de la Sarra et en passant par le Refuge de Respumoso.

Fiche technique :

Point de départ : Parking de l'Embalse de la Sarra, 1420 m, situé à quelques kilomètres de Sallent de Gallego. 

Durée totale et dénivelé positif : 7h05 et 2100 m dén.+ à l'aller (2h50 et 725m dén.+ jusqu'au refuge de Respumoso) et 5h20 (350 m dén.+) au retour.

Description :

Un superbe chemin bien tracé, en balcon au-dessus du ruisseau, évoluant tantôt à travers la forêt, tantôt à découvert, progresse sur le flanc de la montagne. En prenant à chaque pas de l'altitude, nous dépassons la déviation vers les lacs d'Arriel (1h30) et, après presque trois heures de marche, arrivons en vue du refuge (2151 m, 2h50), niché sur une berge rocheuse dominant un très grand et superbe lac.

Compte tenu de la longueur de la marche et du dénivelé, il est conseillé de dormir au refuge avant de poursuivre la route. 

Le Refuge de Respumoso est très bien conçu et organisé. Ici, tout est fait pour le plus grand confort des randonneurs qui y séjournent. Hélas, cette qualité et ce confort se répercutent également sur les tarifs des prestations. Et sa surfréquentation post-Covid en fait une "usine" à touristes. 

Le lendemain, il suffit de repérer le départ du GR11, qui passe à quelques pas du refuge. Après une première montée, on passe près de quelques jolis petits lacs, en se dirigeant d'abord vers l'Est, jusqu'au barrage de l'Ibon de Campo Plano.

Le GR change ensuite de direction. On vise plein Sud, en descendant vers la vallée et en remontant du côté opposé. Le chemin, toujours clair et bien tracé, transite par le bord de l'Ibon de Llena Canal, 2443m. Ce lac mérite une longue halte méditative et "casse-croûtative" au retour.

Ensuite, la pente se raidit  sensiblement. Les quinze dernières minutes précédant le Col de Pondiellos imposent même le recours à un câble et à quelques menus pas d'escalade.

Du Col de Pondiellos, on descend de quelques mètres pour longer le flanc du Pico de Marmoré, au-dessus de l'Ibon de Tebarray. Rapidement, on rejoint le Cuello del Infierno, 2721 m. Ici, au lieu de basculer du côté opposé, on repère, à droite, le départ de la sente qui permet de franchir la brèche de la crête rocheuse du Garmo Blanco, au Sud-Est du grand lac de Tebarray. On bascule côté Sud de la crête. C'est là que les choses sérieuses commencent. Après un pénible cheminement prudent et peu rassurant le long de la paroi, on arrive au pied de la pyramide sommitale du Garmo Blanco. Quelques hésitations et pas d'escalade plus tard, nous voici enfin au sommet (6h45, 3075 m). Une petite déambulation sur le fil capricieux de la crête, avec une fantastique vue  plongeante sur les Ibones de Pondiellos, dominés par la silhouette austère du Garmo Negro, nous hisse sur le premier sommet del Infierno, el Pico Occidental (6h55, 3081 m). Pour atteindre le second Pic, el Pico Oriental, il suffit de descendre au petit col situé entre les deux éminences sommitales et de subir une dernière montée, très raide, en suivant une trace à peine visible et un peu acrobatique par temps humide (7h05, 3076 m). Comme depuis les deux pics précédents, d'ici la vue tous azimuts est un spectacle grandiose et sublime. 

Il ne reste plus maintenant qu'à refaire l'interminable chemin de calvaire nous ayant conduit dans cette antichambre du paradis à ciel ouvert dans le sens inverse. Et cette descente ponctuée de nombreux pas de désescalade sur des pentes glissantes et raides, à travers des pierriers croulants, n'a rien de très sympathique. Quelques vues superbes mis à part, peut-être....

En transitant à nouveau par le Refuge de Respumoso, il faudra près de cinq heures et demie, hors temps des haltes et des pauses, pour retrouver le parking du départ.