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TRANSCANTÁBRICA, Étapes 7 et 8 : Puebla de Lillo - Felechosa.

TRANSCANTÁBRICA, Étapes 7 et 8 : Puebla de Lillo - Felechosa.

Quelle(s) journée(s)! 

Si, jusqu'à la partie finale de l'étape de la veille, le grand ciel bleu sans nuages et une chance indéfectible nous ont tenu compagnie presque sans faillir, les 24 heures suivantes ne nous ont pas réservé uniquement des belles surprises...

Tout a commencé par un "raccourci" indiqué et vivement conseillé par deux vieux pêcheurs locaux pour rejoindre la Puebla de Lillo et nous obligeant à marcher 2 km supplémentaires sous un soleil de plomb. Arrivés à l'hôtel, il a suffi que Rubén laisse son bâton de marche (fait main, customisé) sans surveillance pendant quelques instants, pour que ledit bâton, "le précieux" (comme dirait un fameux personnage de la Trilogie des Anneaux), se fasse dérober sans laisser de trace.

D'autres petits détails, survenus durant la soirée, ont contribué à renforcer un peu plus la mauvaise humeur de mon ami, tout en affaiblissant, dans la même proportion, sa sympathie envers cette petite enclave des montagnes léonaises.

Le lendemain matin, maudissant "la Puta Puebla de Lillo", il était ravi de laisser enfin cette bourgade derrière soi. Les beaux paysages se succédaient, il retrouvait progressivement le sourire et la paix... Jusqu'à ce que les cieux, courroucés sans doute par les épithètes orduriers qu'il avait proférées plusieurs heures durant envers la ville où nous avons passé la nuit, ne déversent sur nous d'abord un froid et un vent glacial, renforcés par un brouillard épais, et ensuite une pluie terrible, impitoyable et incessante. Tous ces caprices de la météo réunis ont sonné le glas de notre projet initial de rejoindre Lugueros en franchissant la crête des Requejines. Nous avons été contraints de modifier notre trajectoire pour trouver refuge à l'hôtel La Braña du plus proche village asturien, La Raya.

Fiche technique de l'étape 7:

Distance : environ 16 km. Dénivelé positif cumulé : environ 850 m. Sources d'eau : lago Isoba, lago Ausente, quelques ruisseaux. Difficultés d'orientation : aucune par temps clair (auquel nous n'avons pas eu le droit) et avec un peu de jugeote (dont nous n'avons pas fait preuve). Difficultés liées au terrain : portions hors sentier (évitables en grande partie).

Récit :

La chaleur moite de la veille n'est plus qu'un souvenir. La fraîcheur matinale nous fait du bien, et le ciel, chargé d'humidité mais toujours clair et d'une couleur bleu-intense, est un fond d'aquarelle parfait, un vaste écran sur lequel les contours des montagnes se dessinent avec une netteté impeccable. 

Quittant la route au niveau de la station-service située à la sortie de la Puebla de Lillo, non loin du carrefour des routes de San Isidro et de Tarna, nous empruntons le sentier balisé du Lago de Isoba. Celui-ci, progressant tantôt par des forêts, tantôt par le flanc de la montagne, impose quelques montées et descentes avant de nous hisser sur un col d'où nous apercevons soudain le lac (1h45).

Lago de Isoba

Rapidement, nous rejoignons ses berges paisibles, pour un bref casse-croûte, avant de traverser la route qui passe à proximité à la recherche d'un itinéraire vers le Lago Ausente. Sans trop de difficultés, nous trouvons une vague piste, se transformant bientôt en chemin, qui se hisse sur les collines en se dirigeant vers l'ouest. Son tracé devient bientôt précaire, et nous décidons de l'abandonner, volontairement, pour poursuivre hors sentier, avant de croiser la piste menant au lac Ausente.

Remarque importante :

Notre idée n'était sans doute pas la meilleure ! Il aurait suffit de suivre le sentier pour éviter des passages compliqués à travers les broussailles.

Nous aurions également pu éviter cette portion en hors sentier en optant pour un itinéraire différant. En effet, il aurait suffit d'emprunter,  depuis Lillo, l'itinéraire balisé vers la Area Recreativa de Peraguas, la Senda del Valle de Celorno. 

En face de l'hôtel Madrid, dans lequel nous avons séjourné, on trouve, en effet, une piste descendant vers la rivière. Deux cents mètres plus loin, au carrefour des pistes, on tourne à droite (la Senda de Celorno), pour transiter par l'Area Recreativa et aboutir, par une bonne piste, devant la montée finale au lago Ausente.

L'inconvénient majeur : nous n'aurions pas eu le plaisir de visiter el lago Isoba. Cependant, en échange, notre trajet s'en serait trouvé plus clair, moins chronophage et plus aisé.

Après ce petit aparté important, revenons à l'itinéraire du lac Ausente que nous avons eu le malheur de choisir ce jour-là.

Comme je disais donc, en rejoignant la piste qui fait la jonction entre el Area recreativa et la Station de ski de San Isidro, on parvient ensuite à l'endroit où il faut quitter la piste pour monter au lac par un sentier un peu raide mais bien tracé (panneau).

Au lago de Isoba, le ciel a commencé à se montrer menaçant. Mais c'est au moment où nous sommes arrivés au bord du lago Ausente que le temps a décidé de se gâter sérieusement. D'abord, un brouillard épais est apparu, soudain, derrière la Peña de Requejines, couvrant lentement mais irrémédiablement son flanc d'une chape de plus en plus épaisse. Ensuite, la température de l'air est devenue glaciale. Le vent s'est alors levé. Ses bourrasques sont devenues violentes.

C'est à ce moment là que nous avons pris la décision de réserver par téléphone une chambre en demi-pension à l'hôtel le plus proche  - La Braña, et de nous y diriger pour échapper aux déchaînement des éléments.

Mais, décidément, ce jour-là la clairvoyance nous faisait défaut. En suivant la piste en direction de la station de ski, le mal nous a pris de l'abandonner pour tenter de trouver un raccourci (qui n'en était pas un) et rejoindre San Isidro par des vagues sentes glissantes à travers les pâturages de montagne.

Peu avant le moment où nous avons péniblement rejoint la route, et peu après que Rubén se soit tordu une cheville lors du franchissement d'un ruisseau, le ciel a décidé de déverser sur nous, en guise d'ultime épreuve, des trombes de pluie, aussi glacée que la température ambiante.

Trempés jusqu'aux os, éprouvés mais ravis d'avoir atteint un havre de confort, nous avons passé le reste de l'après-midi à laver et à faire sécher nos affaires et nos vêtements.

Le lendemain, la température avoisine toujours les 4°C. Le brouillard couvre les montagnes et le ciel nous menace toujours de pluie. La cheville de Rubén est en piteux état, même s'il fait mine d'aller bien.

La descente vers la civilisation paraît être la seule issue raisonnable. Mais avant de narrer notre marche vers Felechosa, revenons à notre dernier mauvais calcul de la veille.

Lago Ausente

Au lieu et à la place du "raccourci" qui nous avait mis dans un certain embarras, nous aurions pu suivre la piste jusqu'au parking de Cebolledo de la station de ski de San Isidro (30 min du lac Ausente). De là, en 4 km et en quelques lacets, une route goudronnée nous aurait conduit directement et sans encombre à notre hôtel d'étape (1h du lac).

Et nous voici donc sur la route qui descend vers le noyau de civilisation le plus proche, Felechosa. 

Fiche technique de l'étape 8:

Distance : environ 13 km. Dénivelé positif : aucun. Dénivelé négatif : environ 800 m. Sources d'eau : source à la mi-chemin,  ruisseaux,  cafés. Temps de marche sans les arrêts : 3h30. Difficultés d'orientation : aucune.

La monotonie de la marche au bord dune route est compensée par la succession permanente des paysages superbes : les hameaux de granges aux toits couverts d'ardoises traditionnelles, le vert intense des pâturages et des flancs des montagnes. Le voile de la brume se dissipe rapidement et un soleil radieux brille dans un ciel devenu à nouveau si bleu. La température se réchauffe.

À quelques kilomètres de Felechosa, nous abandonnons enfin la route pour suivre el Camino Viejo, qui nous conduit finalement vers la partie haute du village.

Nous ne tardons guère à retrouver la rue principale et notre hôtel.

Felechosa possède quelques hôtels, de nombreux restaurants, bars, ainsi que deux minuscules supermarchés.

Un service d'autobus dessert régulièrement Mieres et Oviedo.

Avant qu'il ne devienne clair que mon ami ne pourra pas poursuivre l'aventure, nous avions réfléchi à deux options pour rejoindre le Port de Vegarada, situé un peu plus loin à l'ouest, à cheval entre León et Asturies.

La solution la plus simple aurait consisté à emprunter la route de la station de ski de San Isidro, à basculer par un col situé à plus de mille neuf cents mètres vers l'ouest, et à poursuivre par une bonne piste jusqu'à la Vegarada (15 km, 4 h à 4h30, + 600 m de dénivelé positif cumulé). 

La difficulté résiderait alors dans la recherche d'un logement pour la nuit. En effet, nous aurions dû soit planter la tente à Lugueros, soit faire encore 14 km de marche en subissant encore près de 500 m de dénivelé positif pour franchir la crête du Pico Huevo et atterrir à l'unique hôtel de Cármenes.

En choisissant Felechosa comme fin d'étape, nous étions conscients de l'énorme dénivelé et de la distance qu'il nous faudrait parcourir, ne serait-ce qu'en joignant la Vegarada depuis le fond de la vallée. Mais ça, c'est déjà une autre histoire, celle de la dure et magnifique étape suivante...

 

 

 

TRANSCANTÁBRICA, Étapes 7 et 8 : Puebla de Lillo - Felechosa.
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